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Histoire / L'Empire du Ghana
L'Empire du Ghana (soninké)

Qui sont les soninké ?

Les Soninké sont un peuple très ancien car leurs origines remontent au-delà de Wagadou communément appelé Empire du GHANA. Il est considéré comme étant  le premier empire structuré de toute l'Afrique Noire. Aussi longtemps que les anthropologues puissent remonter le temps, nos origines remontent du côté de la NUBIE.  Les anthropologues, historiens et ethnologues s'accordent considèrent que le royaume existait déjà au (minimum) VIè siècle.

Il existe une divergence notable entre certains écrits et la tradition orale SONINKE maintenue vivante par les Griots. Heureusement que des historiens comme Monteil en ont saisi l'importance. Il écrivit en 1898 :  «... la fondation d'un Etat Soninké Noir, à une époque indéterminée, avec Koumbi Saleh comme Capitale  qui aurait été désertée quelques siècles plus tard à la suite de sept années consécutives de sécheresse suivies de sept mois et sept jour.  » Ce qui est indéniable, c'est qu'au cours du XI siècle, plusieurs auteurs arabes, en particulier le géographe Al-Bakri (1068), ont décrit un état de Ghana, très prospère, situé au sud du Sahara, entre les fleuves Sénégal et Niger biens et des réserves d'or ".

Cet ensemble très vaste est gouverné par un Empereur, lequel s'appuie sur un gouvernement central. Il est tout-puissant mais n'est pas un tyran. Son autorité est atténuée par la présence à ses côtés de grandes familles dignitaires qui s'occupent des tâches administratives de l'empire : impôts, armée, justice, etc.

A la tête des royaumes subordonnés, la cour centrale a maintenu les anciennes cours royales. C'est pourquoi on parle d'empire du Ghana pour indiquer que le Ghana est composé d'une cour centrale, la cour impériale, et de plusieurs cours royales soumises à l'autorité centrale : Tekrour, Sosso, Mandé...

Les cours périphériques jouissent d'une certaine autonomie sur les question d'intérêt local, mais elles doivent obéissance à la cour impériale sur les questions intéressant l'ensemble de l'Empire: : douanes aux frontière, armées par exemple.

Nous n'allons pas reprendre ici en entier l'histoire complète des Soninké. Nonobstant, un petit retour en arrière est indispensable pour comprendre les arcanes de la société Soninké si complexe.

Les Soninké ne se distinguent pas par leurs prénoms mais plutôt par leur nom de famille. Ceci est tellement sacré chez les Soninké que les femmes contrairement à la société occidentale ne changent pas leur nom de famille même mariée. C'est grâce au Nom de Famille que les gens se situent dans l'espace et dans le temps. On reconnaît les gens de par leur nom de famille. Par exemple chaque nom de famille que ce soit  Diawara, Camara, Sakho, Doucouré, etc...a à peu près la même origine et la même histoire.

  La foundation de empire du GhANA

•  Personne ne sait exactement quand la nation de l'ancien empire Ghana a été découverte. Ce qui est connu de nos jours provient des écrits des voyageurs arabes, marchands et historiens, qui ont été là-bas pour le commerce ou pour visiter. Cependant bien avant que les Arabes écrivent sur l'histoire des Africains, d'autres peuples anciens avaient décrit le continent.

Environ 520 avant J.C., on dit qu'un un roi de Perse, nommé "Cambyses ", avait missionné des hommes pour découvrir le soudan (Afrique de l'ouest). Les résultats de leur découverte se trouvent dans les récits du grand écrivain Herodotus. Ils montrent que bien avant la naissance du Christ, les royaumes du Soudan avaient un modèle de civilisation de haut niveau.

Le nom de "Ghana " a été pour la première fois mentionné dans une histoire écrite en 770 après J.C. par un géographe arabe EL-Fazari dans son livre, " El-Masudi ", dans lequel il s'en réfère comme d'une " Terre d'or ". D'après les écrits arabes, en particuliers " Tarikh as Sudan ", l'empire du Ghana a été découvert entre 200 et 400 après J. C. Un voyageur arabe , El-Bakri , écrivait en 1067 : "Ghana était le titre donné aux rois et signifiait chef guerrier ou chef de guerre ".
Ce furent les Arabes et d'autres peuples du Soudan les premiers à attribuer le titre du roi Ghana à l'empire. Le mot Ghana désigna par la suite le nom de l'empire.

L'Empire du Ghana a été fondé vers 770 après J.C. par l'ethnie des " Soninkés ". Le chef de Wagadu, Kaza Kaya Maghan a renforcé l'empire et élargi ses territoires. Vers 1000 après J.C., l'empire avait étendu ses territoires vers l'ouest jusqu'à la rivière Sénégal, vers l'est jusqu'à la rivière Niger, au sud jusqu'à la région de Bambouk, et au nord jusqu'à la ville d'Audaghost en bordure du Sahara. L'Emipre du Ghana eut une existence de plus de mille ans.

 

•  L'empire du Ghana est le premier Etat constitué dans le Haut-sénégal Niger. Fondé au IVè siècle avant J.C. par des bèrbères selon le Tarikh-es-soudan (Livre des chroniques Africaines), cet empire était dirigé par une dynastie noire, celle soninké (sarakolé).

 

•  Le Situation Géographique de Empire du GHANA

 

 

•  Le Gouvernement du Ghana

Le roi était à la tête du gouvernement de l'empire. Il était très puissant et ses décisions étaient primordiales. Le roi était assisté dans son gouvernement par de nombreux serviteurs civils et ministres. La plupart des serviteurs civils étaient des musulmans soninkés, qui savaient lire, écrire et avaient de grandes connaissances sur le monde.

Il y avait un maire de la capitale Kumbi Saleh qui était nommé par le roi. Le maire avait la responsabilité de l'administration de la capitale. Dans les états conquis par le Ghana, deux types de gouvernements provinciaux existaient. Dans les régions qui n'avaient pas de règles centralisées avant leur annexion, et les régions dans lesquelles les sujets réclamaient constamment leur indépendance, le roi nommait un gouverneur. Les régions qui avaient des règles où les sujets demeuraient loyaux et payaient régulièrement leur tribu au roi, restaient autonomes. Les fils et filles des gouverneurs provinciaux étaient envoyés à la cour du roi comme garantie de la continuité de la loyauté. Ils y étaient entraînés et assignés comme des serviteurs civils. Par cette méthode, leurs pères ne pouvaient se rebeller contre le roi. Ils apprenaient ainsi par leur expérience à la cour du roi, qui les guidait, comment assumer lors de leur retour dans le gouvernement local, la succession de leurs pères.

Le roi était le commandant en chef de l'armée et était responsable de la sécurité des provinces contre les attaques d'autres forces. Il garantissait également le rétablissement de la paix dans les moments de chaos et de désordres internes. Il était aussi responsable de l'attribution des moyens nécessaires au peuple dans leurs transactions commerciales avec les étrangers.

  L'Administration de la Justice

Le roi était le chef de la justice, et il y avait principalement deux types d'instances qui étaient traitées différemment.

•  Les Affaires Civiles


Les affaires civiles étaient celles qui résultaient d'un conflit qui impliquait 2 personnes ou plus sur les droits qu'ils partageaient, ou lorsque des personnes cherchaient une réparation ou une compensation du gouvernement pour violation de ses droits. Dans ces cas, le gouvernement poursuivait lui même les citoyens.

D'après El-Bakri , le roi donnait une audience royale aux personnes, tous les jours pour écouter leurs plaintes et les juger. Les audiences royales étaient publiques et débutaient par le battement d'un tambour appelé "deba". Le "deba" était fait d'une longue pièce de bois sanctifié. Les personnes arrivaient à la cour du roi lorsqu'elles entendaient le son du deba. El-Bakri racontait que le roi s'asseyait dans un pavillon et écoutait patiemment les complaintes pendant que des soldats se tenaient autour de lui, tenant des boucliers et des épées en or. A sa droite étaient placés ses enfants et les enfants des hommes de lois des territoires conquis, splendidement habillés, les cheveux décorés d'or. Le maire siégeait devant le roi, et tout autour les ministres royaux et les conseillers étaient assis.

•  Les Affaires Criminelles

Les affaires criminelles étaient traités par ordre. El-Bakri décrivait les procès dans ces termes : " quand une personne était accusée d'avoir dénié une dette, d'avoir tué ou d'avoir commis d'autres crimes, un homme prenait une pièce de bois d'un goût aigre et amer versait de l'eau dessus et donnait la boisson à boire à l'accusé. Si l'accusé vomissait, son innocence était acceptée, et il était félicité. S'il ne vomissait pas et que la boisson restait dans son estomac, l'accusation était justifiée. Le roi procédait alors à la prescription d'une peine basée sur les lois et les traditions ".
Ce type de procès n'était pas propre seulement à l'empire du Ghana. On le pratiquait déjà dans d'autres anciennes civilisations.

•  Les Rois

Le roi était très respecté par ses sujets. Les visiteurs étaient toujours impressionnés par l'énorme richesse déployée et les cérémonies organisées lors de ses apparitions publiques. El-Bakri notait dans son livre " Kitab al Masulik mamlik ", " le roi s'ornait lui-même comme une femme portant des colliers et des bracelets. Quand il siégeait devant les gens, il posait devant lui une cape décorée d'or et drapée de turbans en tissus fins. La cour d'appel se tenait dans un pavillon en forme de dôme, autour duquel dix chevaux étaient couverts d'or. A sa droite se plaçaient les fils des rois subordonnés…tous portant de splendides ornements, les cheveux pleins d'or. Sur le sol autour de lui étaient assis ses ministres, le maire de la ville était assis devant lui. Des chiens, d'un fin pédigré, gardaient les portes de la cour, portant des colliers d'or et d'argent. Devant la cour, il y avait un pilier en or, auquel on attachait son cheval. L'audience royale était annoncée par le battement du tambour…quand les gens se rassemblaient, un religieux s'approchait, sur ses genoux, arrosant les têtes de poussière comme marque de respect, tandis que les musulmans frappaient dans leurs mains comme signe de rassemblement ".

Quand un roi décédait, une case était érigée, dans laquelle on plaçait son corps, sur un lit, avec des tapis et des couvertures. Près du corps, des ornements, des armes et de la nourriture étaient déposés ainsi que des coupes et des plats utilisés de son vivant. Certains de ses cuisiniers et serviteurs restaient dans la case près de lui. Finalement les gens recouvraient entièrement la cabane avec des nattes et posaient de la terre dessus jusqu'à former un grand tertre . Un fossé était creusé autour du " tertre ". Parfois après, des sacrifices étaient réalisés au moment de la mort du roi, et des boissons offertes à la mémoire des esprits des ancêtres.

D'après El-Bakri , la succession du roi était héréditaire par les liens maternels. "Il était de coutume et d'habitude que le royaume héritait seulement du fils de la sœur du roi… le roi n'avait aucun doute que son successeur était le fils de sa sœur, mais en revanche, il n'était pas sûr que son fils était en fait son propre successeur. Il ne comptait pas sur l'authenticité de ses relations ".

D'après Ibn Hawqal , qui visita l'empire du Ghana en 977 après J.C., le roi du Ghana était le plus riche du monde grâce à son or. Le roi était si riche que chacun de ses chevaux portait des habits d'or pesant 15 kg, comme le rapportait El-Idrisi en 1154 après J.C.. Mahmud Kati écrivait dans son livre " Tarikh assudan " en 1519 que le roi avait des milliers de chevaux qui ne dormaient que sur des tapis, attachés par des cordes en soie. Chaque cheval avait 3 intendants personnels et était surveillé comme s'il était lui-même roi. On disait également que le roi pouvait inviter des dizaines de milliers de convives lors de dîners publics.

Beaucoup de rois avaient établi des lois dans l'ancien empire du Ghana, mais peu d'écrits ont été retrouvés. Il y avait Basi , qui était arrivé au trône à 85 ans. C'était un grand homme et très gentil avec ses sujets et hospitalier avec ses visiteurs. Avant sa mort, il avait perdu la vue, mais il arrivait à cacher son handicap à ses sujets et leur faisait croire qu'il voyait parfaitement. Il commentait tout, ce qui était beau ou affreux de nature. Afin de tromper les gens, il conspirait avec ses ministres, qui lui indiquaient les commentaires appropriés aux situations grâce à des codes secrets, indéchiffrables par les gens. Tekanemin succéda à Basi .

•  L'Economie

Le roi avait le contrôle total de l'or à travers l'empire. Il avait les moyens de créer et de contrôler la pénurie de l'or afin d'éviter la surproduction, qui aurait inondé le marché. Les mines d'or étaient concédées à des marchands étrangers et tout l'or appartenait au roi. Cependant les gens étaient autorisés à accéder à tout l'or qu'ils trouvaient autour des mines.

Aux temps où l'or en circulation était conséquent, le roi avait passé une loi qui le rendait propriétaire de toutes les pépites d'or, tandis que la population ne pouvait posséder que des poussières d'or. El-Bakri écrivait " sans cette précaution, l'or serait devenu tellement abondant qu'il aurait perdu de sa valeur ".

•  Le Commerce International Trans-Saharien

La richesse de l'empire du Ghana venait principalement du commerce international avec les arabes. Les marchands arabes traversaient le sable chaud et mortel du Sahara en deux mois à dos de chameaux. En atteignant le Ghana, ils rencontraient leurs agents avec qui ils racontaient leurs marches pendant plus de 20 jours, et après cela ils devaient atteindre le fleuve Sénégal.

Dès qu'ils s'approchaient aux environs des villes Soninkéés, ils appelaient la population locale en battant sur des tambours puis plaçaient leurs biens sur des vêtements qui les attendaient pour ça et repartaient. La population de l'empire du Ghana plaçait leurs propres biens devant les marchandises et partaient avec ce qui était laissé par les commerçants arabes. Si les marchands arabes étaient satisfaits avec ce qui avait été laissé par les populations locales, ils les prenaient et battaient à nouveau sur les tambours, ce qui signifiait que le marché était fini, puis repartaient.

Les biens qu'ils rapportaient au Ghana étaient : du cuivre, du sel, des chevaux, du brocart, des vases, des coquillages, des livres, des miroirs, des vêtements, des figues et des dates. Les biens qu'ils recevaient du Ghana étaient de l'or, des esclaves, du miel, des arachides, des grondins, des plûmes d'autruche, du coton et d'autres commodités.

Ibn Hawqal racontait dans ses enregistrements de transactions financières à Audaghost dans l'ancien empire du Ghana : " j'ai vu une esquisse concernant une créance appartenant à Muhammad bin Ali Sadun à Audaghost à 42000 dinars ", plus de 200000 dollars aujourd'hui !.

•  La Taxation

Il y avait un système efficace de taxation dans l'ancien empire du Ghana. El-Bakri écrivait " Le roi du Ghana plaçait une taxe d'un dinar d'or sur chaque âne chargé de sel qui entrait dans son pays…il plaçait une taxe de deux dinars d'or sur chaque charge d'or qui quittait le Ghana. Le gouvernement taxait également 20 grammes d'or par charge de cuivre, 40 grammes d'or par charge de marchandise générale. Les revenus engendrés étaient utilisés pour payer le train de vie du gouvernement et payer l'entretien du roi, des ministres, des gouverneurs provinciaux, et des serviteurs civils. Cependant la plupart était utilisé pour entretenir les personnes qui s'occupaient du palais".

•  L'Armée

La puissance du Ghana ne provenait pas seulement de l'efficacité de l'administration, mais aussi de la possession d'une armée forte et hautement organisée. L'armée était efficace dans le maintien de la paix, en supprimant les révoltes internes, et par l'acquisition de territoires au travers de conquêtes. El-Bakri rapportait dans son livre " Kitab al Masulik Wa'l Mamalik " que le roi de l'ancien Ghana pouvait appeler et mettre dans un champs 200000 soldats et plus de 40000 archers sur un simple avis. L'armée avait également une branche de la cavalerie qui utilisait des chevaux importés d'Afrique du Nord.

L'armée gigantesque mettait à contribution des soldats des provinces dès que le besoin se créait. L'ancien empire du Ghana n'avait jamais une armée constituée, mais pouvait la rassembler à n'importe quel moment. L'armée possédait un avantage sur ses ennemis car elle combattait avec des armes en fer comme des lances, des flèches et des épées qui n'étaient pas utilisées par les ennemis.
Les frontières de l'ancien Ghana étaient efficacement gardées, si bien qu'aucun agresseur ou étranger ne pénétraient ses frontières. El-Masudi rapportait " le royaume du Ghana est l'un des plus importants…, un grand nombre de gens du *Soudan vivaient là bas. Ils avaient tracé une frontière que nul ne pouvait franchir ".

*Soudan était un terme arabe qui signifiait " Terre de noirs " et était utilisé pour décrire l'Afrique de l'Ouest.

Koumbi

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Capitale de l' Empire du Ghana à partir du IVe siècle , Koumbi Saleh a été localisé au sud de l'actuelle Mauritanie , lors de fouilles archéologiques en 1913. Elle servait de dépôt de sel et d'or, en liaison avec l'Afrique du Nord. Au 11ème siècle, sa population avoisinait les 30 000 habitants. Elle est prise en 1076 par le chef almoravide Abu Bahr . Après la décadence de l'Empire du Ghana, elle tombe aux mains du roi du Sosso Soumangourou Kante ( 1190 - 1235 ). Vers 1240 , l'empereur du Mali Sundjata Keïta s'en empare et la détruit.

En 1067 , le géographe arabe El-Bekri se rend à Koumbi, où des commerçants arabes tiennent leur propre quartier. Il décrit la ville :

« Ghâna se compose de deux villes situées dans une plaine. Celle habitée par les musulmans est très grande et renferme douze mosquées, dans lesquelles on célèbre la prière du vendredi. Toutes ces moquées ont leurs imams, leurs muezzins et leurs lecteurs salariés. La ville possède des jurisconsultes et des hommes remplis d'érudition. Dans les environs se trouvent plusieurs puits d'eau douce, qui fournissent la boisson des habitants et auprès desquels on cultive des légumes.

« La ville habitée par le roi est à six milles de celle-ci. Le territoire qui les sépare est couvert d'habitations. Les édifices sont construits avec des pierres et du bois d'acacia. La demeure du roi se compose d'un palais et de plusieurs huttes aux toits arrondis et la circonférence est entourée d'une clôture semblable à un mur.

« La ville du roi est entourée de huttes, de massifs d'arbres et de bosquets, qui servent de demeures aux mages de la nation, chargés du culte religieux ; c'est là qu'ils ont placé leurs idoles et les tombeaux de leurs souverains. Des hommes préposés à la garde de ces bois empêchent qui que se soit d'y entrer ou de prendre connaissance de ce qui s'y passe. C'est là aussi que se trouvent les prisons du roi. Dès qu'un homme y est enfermé, on n'entend plus parler de lui. »

El-Bekri décrit le roi et sa cour « le roi se pare, comme les femmes, avec des colliers et des bracelets, porte pour coiffure plusieurs bonnets dorés, entourés d'étoffes de coton très fin. »

« Quand il donne audience au peuple, afin d'écouter ses griefs et y remédier, il s'assied dans un pavillon autour duquel sont ragés six chevaux caparaçonnés d'or ; derrière lui se tiennent dix pages pourtant des boucliers et des épées montées en or ; à sa droite sont les fils des princes de son empire, vêtus d'habits magnifiques et ayant les cheveux tressés d'or.

« Le gouverneur de la ville est assis par terre devant le roi, et tout autour se tiennent les vizirs dans la même position. La porte du pavillon est gardée par des chiens d'une race excellente qui ne quittent presque jamais le lieu où se tient le roi ; ils portent des colliers d'or et d'argent garnis de grelots. La séance est ouverte par le bruit d'un tambour, nommé déba, formé d'un long morceau de bois creusé. Lorsque les coreligionnaires du roi paraissent devant lui, ils se mettent à genoux et se jettent de la poussière sur la tête pour le saluer. Le roi de Ghâna peut mettre en campagne deux cent mille guerriers, dont plus de quarante mille armés d'arc et de flèches. »

La désignation de Siya Yatabéré

Le commencement de la fin a débuté avec Maadou fils de Djaméré Soukhouna. En effet Wagadou comptait 99 villages et un de ces derniers possédait le puits dans lequel résidait le Serpent totem de Wagadou : le Biida.

D'après la légende, le Biida apportait l'abondance à l'empire et y faisait pleuvoir des pépites d'or. Et en récompense, on lui donnait en offrande une jeune fille.

Chaque année après les récoltes, les notables de Wagadou disent aux griots de parcourir l'empire à la recherche de la fille la plus belle, la plus gracieuse et la plus propre afin de l'offrir au Biida. Quand on parle de propreté, on ne parle point de la toilette du corps. A Soninkara une personne propre est une personne qui est le fils de son père.

C'est ainsi qu'une année, le sort a choisi Siya Yatabéré et c'est aussi l'année où elle devait se marier. Elle était la fille la plus belle de l'empire et elle était propre. Mais elle était aussi la fiancée de Maadi. Maadi, orphelin était enfant unique et avait un caractère vraiment trempé et il ne disait jamais deux paroles. C'est le caractère principal d'un Wagué.

Siya habitait à quelques villages de celui de Maadi. Son père avait un serviteur qui interpella Siya à l'annonce de la nouvelle :

-    N'est-ce pas cet année que tu dois te marier ?

-     Oui, répondit Siya

-     Tu es promise à Maadi et on veut de donner au Biida, demanda le Serviteur.

-     C'est mon destin et Maadi s'en remettra répliqua Siya.

-     Je ne sais pas ce qui se passera mais je mettrai Maadi au courant de la situation, dit le Serviteur.

Le lendemain très tôt, le Serviteur prit le chemin du village de Maadi. Quand le soleil atteignait le zénith, le Serviteur atteignit son but. Après les politesses d'usage, il dit :

-     Maadi ?

-     Oui, répondit ce dernier.

-     Quelle est la nature de l'amitié entre le l'homme et le singe, demanda le Serviteur ?

-     Si l'homme jette son bâton sur le baobab et qu'il reste niché dans les branches, le singe le lui rend, répondit Maadi.

-     Et si le singe ne le lui rend pas, demanda le Serviteur ?

-     Alors l'amitié sera rompue, répondit Maadi.

-     Je viens t'avertir que les notables de Wagadou ont décidé de donner ta fiancée en offrande au Biida, lui révéla le Serviteur.

-     Quand aura lieu la cérémonie, demanda Maadi ?

-     Comme d'habitude, elle aura lieu au septième jour du septième mois après la dernière pluie, dit le Serviteur.

-     Je te remercie, retourne dire à Siya que le destin scellé mais elle ne finira pas dans le puits de Wagadou.

Quelques jours après, Maadi scella son cheval et s'apprête à sortir. Sa mère Djaméré Sokhouna lui demanda où il allait. Il lui répondit qu'il vient faire un tour. Il chevaucha en direction du village de Siya Yatabéré. Arrivé à destination, il s'arrêta devant la muraille et demanda qu'on lui appelle sa fiancée. Lorsqu'elle arriva, il lui demanda :

-     J'ai entendu dire que les notables de Wagadou t'ont désignée en offrande au Biida.

-     Oui, répondit Siya.

-     Je ne sais pas ce qui adviendra de l'empire mais ma fiancée ne finira pas dans le puits de Wagadou, asséna Maadi.

-     S'il te plaît ne fais pas ça car les gens penseront que je ne suis pas pure. Chaque personne a ses détracteurs. Et si tu tues le Serpent, Wagadou ne recevra plus de pluie, supplia Siya.

-     Adieu, je retourne à mon village, dit Maadi.

La Mort du Serpent de Wagadou

Arrivé à son village, il alla voir son ami forgeron BOMOU et lui demanda qu'elle était la nature de l'amitié entre l'homme et le singe. Le forgeron lui répondit que si l'homme jette son bâton sur le baobab et qu'il reste perdu dans les feuillages, alors le singe le lui rend. Et si le singe ne le lui rend pas, alors l'amitié sera rompue.

La raison de ma visite, dit Maadi, est que je possède un sabre et je veux que tu te consacres à l'affûter. Je loue tes services pendant une semaine. Ta nourriture et celle de ta famille sont à ma charge.

Toute la semaine, le forgeron se consacre à affûter le sabre de Maadi. A l'issue de la semaine, Maadi vient constater le résultat de son forgeron. Il fut satisfait de son travail et le remercia.

La veille de la nuit fatidique, Maadi dit à sa mère qu'il ne sait pas ce qui adviendra mais le Serpent ne mangera pas sa fiancée. Si cela devait arriver, il nous mangera tous les deux ou bien je tuerai le Biida de Wagadou. Avant de partir, je veux savoir si je suis le fils de mon père. Maadi, lui répondit sa mère, si j'ai connu un autre homme que ton père, alors pars et ne reviens jamais. Amiin, dit Maadi.

Il scella sa monture, et partit en direction du puits de Wagadou. Cette journée-là, on tressa Siya et on le para avec une coiffure en or. On le pouponna et les griots chantent sa louange et celle des Yatébéré. Quand la nuit fût venue, la procession prit la direction du bois sacré où se trouve le pied. Arrivés devant le puits, on fit asseoir Siya sur le tabouret en or. Avant de renter, les griots dirent :

-     Siya nous allons rentrer et nous saurons demain si tu es propre ou pas. Comme tu le sais, si tu l'es, on ne te retrouvera pas assise ici. Mais si tu n'es pas propre, le Serpent ne voudra pas de toi.

-     Griots de Wagadou, dit Siya, je ne sais pas ce que la nuit réservera à moi et au Biida mais sachez que je suis propre.

-     Yatabéré, dirent les griots, nous retournons.

Siya resta assise des heures qui lui parurent une éternité puis tout à coup, elle sentit une présence et se retourna. Quand elle voit Maadi debout à côté d'elle, leurs larmes coulèrent. Elle lui dit :

-     Tu as vraiment l'intention de détruire l'empire. Car si tu tues le Serpent, Wagadou ne recevra plus de pluie.

-     Siya, répondit Maadi, notre déjà destin est scellé.

Il s'éloigna et alla se réfugier de l'autre côté du puits et attendit le moment fatidique. Puis arriva le moment où nulle goutte ne remue dans les canaris. C'est le moment où les esprits sortent, c'est le moment de l'ordre inverse, c'est aussi le moment où le Serpent prend possession de son offrande en raison du pacte qu'il avait lié avec DINGHA et ses enfants. Chaque année, Wagadou lui offre une jeune fille pure et en contre partie, il fera pleuvoir des pépites d'or.

Le Serpent de Wagadou possédait sept têtes. La première était en argent, la seconde en or, la troisième était de feu, la quatrième était noire, la cinquième était blanche, la sixième était rouge et la septième était normale.

Le Serpent sort  toujours en premier la septième tête pour déterminer si sa proie est pure ou pas. Quand celle-ci est pure, il fait sortir successivement les sept têtes et ce dans l'ordre inverse. Mais si la fille qu'on lui a offerte n'est pas pure, il sort juste la septième tête et ne touchera pas à l'offrande.

Sachant tout cela, Maadi se tint prêt. Quand le Serpent sortit la septième tête, Maadi la lui trancha. Le Serpent sort la tête rouge et Maadi la décapita. Maadi réserva le même sort aux autres têtes jusqu'à la tête en or. Quand le Serpent sortit la dernière tête c'est-à-dire celle en argent, la nuit fut éclairée comme en plein jour. Maadi leva le bras et avant de frapper le Serpent, ce dernier lança un cri qui fut entendu de tout l'empire. Il dit : « je jure par le Seigneur de l'Etre à Sept Têtes, pendant sept années et sept mauvaises années, pendant sept mois et sept mauvais mois, et pendant sept jours et sept mauvais jour, Wagadou ne recevra pas une goutte de pluie et à plus forte raison des pépites d'or ». Maadi l'entêté lui trancha cette dernière tête. Le corps du serpent tomba dans le puits et Maadi dit à Siya :

-     Voici ma chaussure gauche, le fourreau de mon épée, ma bague et « dannan koufoune » (bonnet). Si le lendemain on te demande des explications, montre-leur ces preuves et qu'ils parcourent l'Empire à la recherche du coupable.

La fin de l'empire des Soninké

Maadi retourna à son village et il relata à sa mère ce qui s'était passé et elle lui dit : « tu es mon fils unique et c'est à cause de ta fiancée que tu as tué le Biida. Mais les notables de Wagadou ne laisseront pas cet acte impuni. Je jure sur l'esprit de ton défunt père que je m'interposerai entre Wagadou et toi ».

Dès que le soleil se leva et que la nature fut baignée de couleur rougeâtre, les notables demandèrent aux griots d'aller s'enquérir des nouvelles du puits. Dès qu'ils aperçurent Siya assise sur son tabouret d'or, ils retournèrent dare-dare au village. Les notables leurs demandèrent pourquoi ils n'ont pas emmené le tabouret. Ils dirent que le tabouret est toujours occupé. Ceux qui ne portaient pas Siya dans leur cœur montrèrent leur joie en disant que le Serpent leur a donné raison : Siya n'est pas pure. Les notables allèrent avec les griots interroger Siya. Et avec effroi, ils virent les sept têtes coupées du Biida, ils demandèrent à Siya ce qui s'est passé pendant la nuit. Pour toute réponse, elle leur montra la chaussure, le fourreau d'épée, le bonnet et la bague.

On fit résonner le tambour sacré et les notables des quatre-vingt-dix-neuf villages se réunirent à la hâte. Il faut trouver l'auteur de cet acte et lui faire subir le sort qu'il mérite. On fit le tour de l'empire et on demande systématiquement à tous de venir essayer les preuves. Quand ils enverrèrent un messager chercher Maadi, sa mère lui dit : « je t'accompagne mon fils ».

Maadi mit son épée dans le fourreau, et ce dernier l'épousa comme un gant. Il mit son pied à la chaussure et elle était à sa taille. Il mit le bonnet  sur sa tête et la bague à son doigt. Tous les objets lui allèrent à merveille et il déclara que c'est lui qui a tué le Serpent de Wagadou.

 Les gens se précipitèrent pour le capturer mais sa mère Djaméré Soukhouna s'interposa et demanda la parole qui lui fut accordée. Elle dit : 

-     Je croyais qu'il y avait des hommes à Wagadou mais je n'en vois guère. Vous avez peur de la prédiction du Serpent avant de mourir. Mais une chose est sûre, on ne tuera point mon fils à cause d'un serpent. Des hommes, je n'en vois guère. Vous saurez avec certitude que mon pagne vaut mieux que tous vos pantalons réunis. Pendant ces sept mauvaises années, et ces sept mauvais mois et ces sept mauvais jours, les besoins de Wagadou sont à ma charge. En échange, de cela mon fils aura la vie sauve et pourra épouser Siya.

Un silence de mort parcourut toute l'assemblée et les notables gardèrent la tête baissée et déclarèrent que l'accord tient. C'est ainsi que Djaméré Soukhouna porta Wagadou à bout de bras pendant sept ans. Au terme de la malédiction du Serpent, Djaméré Soukhouna décéda et les notables de Wagadou se réunirent une dernière fois. Ils dirent : « Djaméré Soukhouna a tenu sa parole et l'accord est venu à son terme. Par conséquent, le destin s'accomplira. Wagadou jadis fertile est devenu aride et il ne pleut presque plus. Les arbres ont rabougris et la terre inféconde. Les enfants de DINGHA sont contraints à laisser cet endroit désormais inhospitalier. Que chaque famille aille vers son destin ».

 

 

  • Sere su an wa na yaare ku Feddu kanma, an ga sooninkan fedde tu an m'a wari a di, o wa muurunu an maxa an n'o deema t'a yi, baawo; o muurunden d'o tuwaaxun ya m'a kin'o yi.

O w'a muurunu maarenmen su maxa; xa n'o deema na ke Daaxa(site) taga sooninkaaxu jikke da. E-mail: madibiramu@yahoo.com

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